Travail psychothérapeutique sur le corps

Durant ma formation de médecin spécialiste en psychiatrie et psychothérapie, je me suis formé auprès de Muriel Sarkissoff en psychanalyse active. Cette pratique corporelle a été inventée par le Dr Jean Sarkissoff, psychanalyste genevois (Ses deux livres « A la recherche du sourire perdu » et « Pour une psychanalyse plus active » restent une référence en la matière).

Depuis mon installation en cabinet privé en 1994, j’ai pratiqué, approfondi et affiné mais également développé conceptuellement les notions de « Corps conscient » et de conscience corporelle. Notre Corps est conscient dès les premières étapes de la vie intra-utérine au travers des sensations. Les sensations, apparues bien avant les émotions et les processus mentaux, déterminent un espace corporel dans lequel notre « moi corporel » va pouvoir plus ou moins prendre de la place en fonction de la dynamique de présence, d’attention, de désir et d’amour de notre mère, de notre père, de nos familles et de nos lignées.

En fonction des réponses obtenues à nos besoins fondamentaux de sécurité, de stabilité, d’intégrité et de rencontre profonde, nous allons développer un espace corporel plus ou moins vibrant, vivant et étendu. Il correspond à un « espace mythologique », fondement de notre être, où nos archétypes de vie ou de mort vont se déployer. C’est l’espace que visitent nos rêves sur le plan personnel, ou les contes et les mythes sur le plan collectif. Il est le cœur de notre évolution et son déploiement est un des sens les plus profonds de notre incarnation.

Tous traumatismes, visibles ou invisibles, vont avoir un impact sur la conscience corporelle qui le subit en première ligne. Il va toujours être accompagné d’un mouvement de dissociation et de suspension de l’espace-temps qui va former une mémoire refoulée, origine de quasi toutes nos souffrances psychiques comme physiques. Un trauma peut être invisible dans le sens que le Corps conscient est capable de capter la réalité inconsciente et refoulée des parents ou des lignées.

Ce travail thérapeutique est profond, long, intense et engageant. Il passe par une incontournable remise en question de nos parents et de nos familles afin de comprendre la dynamique relationnelle et la maturité de nos proches dans les relations à eux-mêmes, aux autres et au Vivant. Cette démarche est au cœur du processus car, le plus souvent, ce qui n’est pas identifié comme expérience traumatique réduit d’autant notre propre espace intérieur et limite notre propre légitimité de vivre pleinement ce que nous sommes. L’accès à cette conscience corporelle passe par le Toucher. C’est le langage propre au Corps et pour y avoir accès, la personne se couche sur le divan, et je suis assis à ses côtés, ma main sur son ventre. Ce contact est essentiel pour développer l’accès au « cerveau du ventre », source des sensations. Ainsi, le dialogue avec soi-même passe avant tout par une relation organique et charnelle avec soi, les interprétations mentales propres aux approches psychologiques et psychanalytiques viennent bien après !

Un processus se dessine progressivement pour chaque personne, passant par l’intégration de plusieurs concepts psychologiques et surtout par l’élaboration des défenses psychologiques mises en place pour fuir le corps. Mais le guide de ce processus est le corps lui-même et sa conscience révélée par l’exploration des sensations.

Mettre la conscience corporelle au cœur du travail psychothérapeutique est inhabituel, original, voire révolutionnaire. Il s’agit d’une orientation du processus vers une dimension de nous-mêmes qui mobilise des plans profonds de notre être, avec un impact également énergétique et spirituel. Le postulat fondamental construit sur l’expérience s’ouvre sur une dimension de notre corps unique : notre corporalité est au cœur de notre construction psychologique et le corps est fait d’une matière consciente lumineuse dont l’exploration change radicalement notre rapport à nous-mêmes. Notre Corps et sa conscience est le grand exclu de notre civilisation occidentale et le retrouver est une démarche écologique essentielle.
Si vous souhaitez approfondir les éléments théoriques et les dimensions abordées dans une telle psychothérapie, vous pouvez vous procurer mon livre, « Le Corps conscient » paru aux éditions Vérone en deux tomes, « Le Corps à cœur » et « La Voie du Corps ». Enfin, il faut savoir que, selon la LAMAL, tout travail psychothérapeutique orienté vers un développement personnel, son remboursement par les caisses-maladies de base est limité.