Psychothérapie augmentée

Une longue expérience m’a montré que toute psychothérapie, même celle qui engage le Corps, rencontre des limites, des résistances, voire des culs-de-sac qui rendent la rencontre thérapeutique avec soi-même impossible. Des traumatismes trop profonds ou un système de défense trop structuré en sont souvent la cause. Un apport d’énergie et/ou de « conscience » (sous forme de sérotonine que seuls les psychédéliques peuvent apporter) peut alors se révéler nécessaire. Dans ce cas, on parle de « psychothérapie augmentée ».

L’utilisation des « plantes médecines » remonte à la nuit des temps humains. Il semble même que notre cerveau et notre conscience mentale ait été modulé par leur utilisation. Avec le chamanisme traditionnel qui utilise les instruments rythmiques ou à vent, c’est l’autre voie pour explorer les états de conscience modifiés et aborder « l’Autre Monde » spirituel. Au regard des expériences scientifiques de la période libérale des années 50-70, et plus récemment à partir des années 2000, le potentiel thérapeutique de la Kétamine, du MDMA, de la DMT, du LSD, de l’ayahuasca et enfin de la psilocybine est considérable.

Les neurosciences donnent un éclairage très intéressant de ce qui se passe dans notre cerveau lors d’un traitement médicalement assisté par un psychédélique. L’effet thérapeutique est rendu possible par l’immersion dans un champ de conscience élargi qui nous sort du « réseau de mode par défaut » responsable de notre identification limitée et souvent traumatique à notre propre histoire biographique, dans laquelle nous pouvons « tourner en rond » sans issue, piégé dans l’identification de nos traumatismes vécus ou perçus comme tels. Cet élargissement de la conscience est assimilable à une expérience spirituelle, voire mystique, car une fois que nous sommes libérés de l’activité cérébrale activant les neurones du moi psychologique narcissique, nous sommes immergés dans une expérience unique d’une autre dimension de nous-mêmes, rendant possible une recontextualisation des traumatismes.

La recherche dans ce domaine a également montré l’importance primordiale de ce qui a été appelé « the set and the setting », c’est-à-dire l’état d’esprit de la personne et le cadre thérapeutique donné. Ainsi la préparation intérieure, le travail préalable sur l’intention, le cadre sécurisant et même le champ de conscience dans lequel l’expérience prend place est primordial pour générer des effets thérapeutiques profonds et durables. Une même substance prise dans un contexte récréatif ou expérimental ne va pas avoir les mêmes effets.

Le travail préparatoire est primordial et l’intention élaborée sur plusieurs semaines. Il faut considérer ce soin psychédélique comme unique et tel un rendez-vous avec Soi-même. Mon expérience m’a montré qu’il y a une « Intelligence » à l’œuvre et le « voyage » immersif effectué, même s’il comporte des traversées de zones difficiles et sombres, est ce qui est nécessaire et juste pour prendre conscience de notre nature profonde et de ce qui fait y obstacle. Ces substances appelées souvent « dissociatives », sont en fait plutôt « associatives » : elles nous aident à nous associer à notre être profond, alors que nous sommes dans un état dissocié la plupart du temps.

La molécule la plus facilement accessible car légalement autorisée est la Kétamine. C’est un produit synthétique (habituellement utilisé en anesthésie) certes, mais qui permet un voyage puissant et profond d’une durée limitée. Ultérieurement la pratique avec d’autres substances sera possible, en fonction d’autorisations spéciales délivrées par l’Office de la santé publique. Il n’est que partiellement remboursé par les caisses-maladies.